Un terroir d’élection
L’origine de ce fruit gorgé de soleil et de légendes se perd dans la nuit des temps. On retrouve sa trace en Mésopotamie environ 5000 ans av. JC, puis dans la cuisine parfumée de la Rome antique. En France, on en consomme déjà en l’an 500 av JC, mais c’est en Provence que la figue est chez elle, jusqu’à faire partie des treize desserts symboliques de Noël. Chacun, jadis, avait un figuier dans son jardin, arbre généreux qui prodiguait ses fruits en abondance. Au pied du Ventoux, la figue a trouvé un terroir d’élection. Dès le XIXème siècle, on la cultive en vergers, particulièrement à Caromb, village qui a donné son nom à une variété recherchée, la “Noire de Caromb”, célébrée par la Confrérie qui lui est dédiée sous l’appellation « longue noire de Caromb ». A l’aube du XXème siècle, on l’expédie déjà en quantités. Pas moins de 20 tonnes de figues sont enregistrées en l’an 1900 au poids public de Caromb. De nos jours, avec l’engouement retrouvé de nos contemporains pour le figuier, se développe également la culture en pépinières.
Plus de 700 variétés
La Dauphine ou Boule d’Or, la Longue d’Août également appelée figue-banane, la Pastilière, particulièrement précoce, la Noire de Barbentane, attachée au terroir provençal et très à l’aise près du Ventoux, la Boujassote noire ou figue de Solliès, qui est la plus répandue en France, la Noire de Bordeaux… sans oublier la “Longue Noire de Caromb” au goût subtil, de forme allongée, foncée et de belle taille. Ce chapelet savoureux n’égrène qu’une petite partie des variétés cultivées de par le monde. Encore faut-il y ajouter d’autres variétés aux noms éloquents comme la Marseillaise au goût un peu acidulé, la Dorée Goutte d’Or, idéale pour faire des figues sèches, la Sucrette, particulièrement douce, qui ne sont pas cultivées en vergers mais font le bonheur des particuliers. Certains figuiers fructifient deux fois par an, ils offrent ainsi une récolte de figues-fleurs à la fin du printemps et une à l’automne. La taille permet d’étaler les branches pour offrir un maximum de soleil au fruit. La cueillette s’effectue à la main, avec précaution, pour ne pas blesser le fruit.
Un nectar recherché
La figue, denrée rare, au coût de revient relativement élevé, n’est pas de ces productions qui inondent le marché. Recherchée par les gourmets, la figue Longue Noire de Caromb supporte bien de voyager ce qui lui permet d’être exportée dans divers pays d’Europe tels la Suisse et l’Angleterre. 3 500 à 4 000 tonnes sont commercialisées en France chaque année, dont 75 à 80% de la variété Solliès. Une trentaine de tonnes de figues proviennent du terroir de Caromb. Une part de la production locale transite par le MIN de Chateaurenard ou est acheminée par des expéditeurs jusqu’à Rungis. Nectar recherché, la figue se retrouve à la table des gourmets qui n’hésitent pas à payer le prix pour retrouver son goût de soleil. De nouvelles formes de valorisation en version de luxe dédicacée, avec le nom et la photo du producteur sur la barquette qu’il a remplie lui-même, prennent leur envol à destination de l’épicerie fine.