Le prestige de l’agneau de pays
Une tradition bien ancrée
Les moutons, les agneaux et les bergers avec leurs cortèges de sonnailles appartiennent depuis des siècles à la tradition provençale. Autour du Ventoux, entre Comtat, plateau de Sault et Monts de Vaucluse, ils ont toujours bercé la vie locale. Ce sont des personnages incontournables, des héros de premier plan que l’on retrouve parmi les santons de la crèche de Noël. Au Moyen Age déjà, l’agneau était utilisé ici pour sa viande, sa peau, ses tripes, et pour son suif, dont on faisait les bougies. Entre le XIVème siècle et le milieu du XIXème siècle, l’élevage ovin prend son essor. L’agneau reste de nos jours la principale production animale et l’une des viandes les plus prisées. On en consomme en Provence deux fois plus que dans le reste du pays.
Transhumance et estive locale
Nomade, l’élevage ovin l’est resté pour une grande part. Quand vient l’été, les troupeaux et leurs bergers, accompagnés des chiens de conduite et de protection, vont chercher ailleurs une herbe plus verte. Il est rare de voir, comme jadis, des milliers de bêtes transhumantes traverser les villages pour rejoindre par la route leurs lieux d’estive. La plupart font le voyage en bétaillère ou en train. Ce sont le plus souvent des brebis du Comtat issues de mères de race Mérinos, bien adaptées à la transhumance. Elles passent la saison chaude dans les Alpes, du côté de la Savoie, du Queyras ou dans le Vercors. Les brebis des plateaux appartiennent plutôt à la race Préalpes du Sud, plus nerveuse, moins docile. Elles n’ont pas beaucoup de route à faire pour trouver de quoi brouter. Elles pratiquent l’estive locale.
En se déplaçant, les brebis se nourrissent d’herbes fraîches et parfumées, leur chair se gorge tour à tour des parfums de garrigues et d’effluves montagnardes. Les agneaux préalpins naissent plutôt au printemps, tandis que les Mérinos, soumis au rythme de la transhumance, naissent à l’automne, au retour des montagnes. Ils sont élevés en bergerie avec le lait de la mère naturellement parfumé aux arômes de thym et de sarriette, puis avec du foin et des céréales. Cela se traduit dans l’assiette par une texture de chair fine, tendre, et par de subtiles variations de goût.
La région PACA est la troisième région ovine de France. En Vaucluse, environ 500 tonnes de viande ovine sont produites chaque année. 93 éleveurs et près de 30 000 brebis se répartissent surtout dans les zones de montagne, entre Ventoux et pays d’Apt. Les estives du Ventoux hébergent un millier de têtes environ. Le prestige de l’agneau de pays reste étroitement lié au terroir. Ainsi, l’agneau de Sault se taille une belle réputation. Le Label Rouge Agneau fermier César garantit la traçabilité et le respect d’un cahier des charges très strict. L’IGP (Indication Géographique Protégée) « Agneau de Sisteron » vient compléter le label rouge. La commercialisation de la laine concerne les Mérinos. Alors qu’on redécouvre les vertus de cette fibre naturelle très fine, elle trouve de nouveaux débouchés dans le bâtiment ou la création textile.