Cultivée pour les parfumeurs de Grasse
A l’époque romaine, la lavande était utilisée pour parfumer les bains et laver le linge. Au Moyen Age, on la trouvait dans les jardins des monastères aux côtés d’autres plantes médicinales, elle aidait à combattre les maladies infectieuses. Au XVIIIème siècle, Sault possédait déjà, sans l’exploiter vraiment, l’une des plus belles lavanderaies naturelles de France. Dans les années 1920, les parfumeurs de Grasse s’intéressent à cette merveille odorante. On se met alors à la cultiver. Bientôt, elle fleurit sur les terres abandonnées et les anciens champs de seigle. En 1929, 500 hectares sont exploités sur la seule commune de Sault, pour une production de 10 000 kilos d’essence. Les senteurs de la petite fleur bleue entrent massivement dans la composition de fragrances raffinées élaborées par les parfumeurs de la Côte d’Azur. Aujourd’hui, la lavande du Ventoux a perdu du terrain. Elle doit faire face à la concurrence de pays comme la Bulgarie, la Russie, la Chine, à celle des produits de synthèse et aux atteintes d’un parasite qui entraîne la dégénérescence des plants.
Huiles essentielles, fleurs mondées et bouquets secs
Deux variétés existent en pays de Sault : la lavande « vraie » ou fine qui fournit une essence très odorante, la plus chère, utilisée en pharmacie, parfumerie, aromathérapie. Et le lavandin, un hybride naturel d’aspic et de lavande vraie à fort rendement, destiné à l’industrie de la lessive, du savon et aux parfums d’ambiance. Les plants cultivés en rangs et soigneusement entretenus fleurissent en été. Autrefois, les coupeurs, munis d’une faucille et d’une saquette nouée sur la poitrine, ramassaient la lavande à la main. Un coupeur expérimenté pouvait ramasser de 500 à 800 kilos de fleurs en une journée. Aujourd’hui, la récolte est largement mécanisée. La plus grande part de cette moisson parfumée est transformée en huile essentielle dans les distilleries installées au bord de la Nesque, où le savoir-faire est inchangé même si l’alambic du XIXème siècle a cédé la place à des équipements plus perfectionnés. Par ailleurs, une petite partie de la récolte est transformée en fleurs mondées mises en sachets de tissu qui iront parfumer les armoires, ou en bouquets secs décoratifs.
Le premier producteur de lavande fine
Le Vaucluse, avec 18,7 tonnes d’essence de lavande par an soit 37% de la production française, reste le premier département producteur de lavande fine, et le Ventoux son terroir de prédilection. Le département produit également 134 tonnes de lavandin. Un plan de relance a contribué à enrayer le déclin de la petite fleur bleue. 1230 hectares de lavande fine et 2007 hectares de lavandin sont exploités aujourd’hui par les cultivateurs vauclusiens. Depuis 1981, une AOC « lavande de Haute Provence » permet de repérer l’excellence des productions locales face à la concurrence étrangère. Pour obtenir 1 kg d’essence de lavande, il faut distiller 120 à 130 kg de paille. D’où le prix de cet élixir précieux, qui peut atteindre 120 à 130 euros le kilo en AOC.