La cerise s’impose au début du XXe siècle
Venue des bords de la mer Noire, importée à Rome au début de notre ère, la cerise arrive chez nous au début du Moyen-Age. La plus prisée est alors la griotte, noire et âpre. Il faut attendre le XIXème siècle pour voir s’implanter la cerise charnue et sucrée telle qu’on l’aime aujourd’hui. On la cultive d’abord dans les jardins, pour une consommation familiale. Sur les coteaux du Ventoux, dans le Val de Nesque et les Monts de Venasque, elle prend son véritable essor au début du XXème siècle. Les gels successifs ont décimé les oliviers. Le cerisier, arbre rustique, plus résistant, répand alors très largement son panache fleuri autour du Ventoux. Le développement des transports aidant, la cerise part à la conquête du marché régional et national.
La Burlat, reine des vergers
Les variétés sont choisies pour faire le bonheur des gourmets. Colorées, brillantes et sucrées, ce sont des cerises de bouche, consommées fraîches contrairement à d’autres variétés comme le Bigarreau, cerise blanche du pays d’Apt destinée à la transformation. La Burlat, reine des vergers, fait son apparition la première sur les étals, suivie par la Summit, en forme de cœur, la Van, la Belge… Les champs de cerisiers sont installés de préférence sur des terrains ensoleillés et aérés. Ils bénéficient de l’irrigation apportée par le Canal de Carpentras. Dans les années 70, l’arrivée de l’irrigation sous pression a permis de sauver l’essentiel du verger menacé par la sécheresse. Mais la cerise reste un produit fragile. Les récoltes sont à la merci d’un orage, d’un gel ou d’un fort mistral. C’est pourquoi les agriculteurs multiplient les parades, utilisant l’eau, le feu, l’air chaud pour protéger les fruits des aléas climatiques.
Sur les étals le lendemain de la cueillette
Avec près de 4 000 hectares plantés, et une récolte annuelle de 15 000 à 20 000 tonnes, le Vaucluse reste le premier producteur français de cerises. Si le pays d’Apt cultive la cerise industrielle, les pays du Ventoux, quant à eux, sont devenus le terroir préféré de la cerise de table, avec 1144 hectares soit 56% des surfaces plantées en Vaucluse. Le temps des cerises commence dès la mi-mai et, grâce à la diversité des variétés, se prolonge jusqu’à mi-juillet. Les lots de fruits fraîchement cueillis sont expédiés dans le réseau de distribution et disponibles sur la table du consommateur le lendemain de la cueillette. Créée par un groupement de producteurs, la Cerise des Monts de Venasque, juteuse, charnue et craquante, est la première marque de cerise haut de gamme en France. Cultivée dans 21 communes du Comtat Venaissin et du Mont Ventoux par 110 producteurs, elle se distingue par les soins apportés aux vergers, les techniques de taille et la sélection des fruits. 2 000 tonnes de ce diamant rouge, d’un calibre minimum de 24 mm, sont commercialisées chaque année.